Et IPSOS Créa Le Cours De La Présidentielle

"Mais comment se fait-il que vous n’ayez pas prévu la présence de Jean-Marie Le Pen au second tour ?"

Voilà la question qui fut posée aux différents instituts de sondage le soir du 21 avril 2002.
Cette question sonnait comme un reproche, pire une accusation.
Une accusation, car il fallait un coupable.
Oui, si Jean-Marie Le Pen se retrouvait au second tour d’une élection présidentielle, il fallait bien que ce soit la faute de quelqu’un.

Alors, "on" désigna les sondeurs.
Oubliant (volontairement) que ces derniers ne sont ni des bureaux de voyance, ni des agences de prédictions.
Ce sont des mathématiciens.
Des mathématiciens qui font avec les données qu’on leur donne.
Et qui les leur donne ?
Nous.
Les citoyens.
Des citoyens triés sur le volet par âges, sexes, catégories socio-professionnelles, etc.
Et triés pour quoi ?
Pour déterminer un nombre nécessaire, suffisant à établir un échantillon représentatif de la population française.

Ce qui gêne le citoyen dans cette méthode scientifique, c’est qu’il ne supporte pas l’idée que 988 personnes puissent suffire pour indiquer à un instant "T" quel "pourrait être" le vote de 42 millions d’électeurs, les 22 avril et 6 mai prochains.
En d’autres termes, le citoyen ne peut pas croire que l’avis de 42 millions de personnes puissent se lire dans 988.
Cette idée lui est insupportable car il estime que son avis est unique.
Donc à prendre en compte.
S’il ne l’est pas, c’est qu’il y a une raison.
Et forcément cette raison n’est pas bonne.
En clair, ça sent la manipulation d’opinion, au pire, le complot,

Et puis, "Pourquoi EUX et pas moi ?!?" se dit le citoyen, d’autant plus s’il n’a jamais été sondé.
Et tout est dit dans ce : "Eux et pas moi".
C’est on ne peut plus parlant.
Il pourrait signifier :

"Vous leur faites confiance à EUX et pas à moi !!! Mais pourquoi ? Qui vous autorise à penser que je ne suis pas autant digne d’intérêt que "EUX" ? "
Il ne s’agit pourtant pas d’intérêt, mais d’une science un peu compliquée, une science que l’on exécra à l’école, celle des mathématiques.
Mais même lorsque l’on précise cela, le citoyen persiste dans la défiance, car pour lui, les maths se résument à une équation avec au bout un résultat rigoureusement exact.
Ce qui n’est pas le cas d’un sondage.
Bien que se basant sur les mathématiques, un sondage ne donne pas le résultat d’un scrutin.
Pas plus qu’il ne le prédit.
Il indique juste une tendance à un moment "M".

Mais il y a aussi dans ce "Eux et pas moi" – hormis un déni de la science mathématique – un cri du bon sens commun (dont il faut souvent se méfier) qui consiste en ceci :
Ils ne sont que 988, et nous sommes 41 999 012 !
Nous sommes donc la majorité !
Expliquez-nous pourquoi, comment, en démocratie, une minorité pourrait-elle avoir raison face à une (écrasante) majorité ?
Et là, inutile de réexpliquer qu’il n’y a pas de minorité, de majorité, que ces 988 sont juste représentatifs des 41 999 012, rien à faire, ça ne passe pas.
Ca ne passe pas car souvenez-vous le 21 avril 2002, et bla, bla, bla
Et je vous passe les arguments consistant à dire qu’en plus les sondages ne sont pas tous d’accord, d’ailleurs regardez, y’en a un qui met Sarko largement devant Royal alors que le même jour un autre sondage les met à égalité.
On n’en sort plus.

Est-ce pour en sortir, et de cette défiance, et de ce putain de 21 avril 2002, qu’IPSOS a créé ce qu’il appelle un baromètre électoral en continu ?
Je le crois.
Le principe est simple :
Le sondage au quotidien plutôt que le sondage tous les cinq ou sept jours.
Tous les jours sauf le dimanche ..
Et bien entendu sauf les 21 et 22 avril, et les 5 et 6 mai, les sondages n’étant pas autorisés (publiables surtout) 48 heures avant le scrutin.
Chaque jour nous pourrons donc prendre connaissance des intentions de vote traduites en pourcentage de Sarkozy, Bayrou, Royal, Le Pen, etc.
Voir si, au quotidien, ils perdent ou gagnent des points.

Eh ben, vous savez quoi ?
Ca me fait penser au …
… Cours de la Bourse !

De fait, j’imagine ce que pourrait être les deux mois qui viennent :

– Alors Jean-Pierre, il est à combien le Sarkozy, ce matin ?
A 32 ! Il a perdu 2 points ce matin !
– Et la Royal ?
Elle prend trois points, c’est l’action qui monte ! Mais si j’étais vous, électeurs boursicoteurs, je prendrais quelques bonnes petites actions estampillées Bayrou car, je ne vous le cache pas, ça sent l’OPA à plein nez !
– Ah oui, il me semble gaillard, Jean-Pierre, ce centriste de Bayrou !!
Voui, et vous voulez que je vous dise ?
– Dites Jean-Pierre !
Bayrou, actuellement, il vaut de l’or !
– Mais de l’or jeune, Jean-Pierre ! [Rires]
Oh c’que vous êtes drôle, mon ami ! De l’or jeune ! Ah, ah ah ! Notre jeune public a bien évidemment saisi l’astuce ! Elle renvoie au futur Premier Ministre de monsieur Bayrou qui, je vous le rappelle, recherche un Delors jeune ! Ah, ah, ah !
– Eh bien c’est sur cette boutade que nous vous donnons rendez-vous demain matin pour prendre à nouveau connaissance du Cours de la Présidentielle !

Moui ..
Pas sûr qu’on rigole autant le 22 avril à 20 heures.

En attendant, si ça vous dit, le cours de la présidentielle, c’est :

ICI !

Un commentaire sur “Et IPSOS Créa Le Cours De La Présidentielle

  1. Au final, on va venir nous tenir la main dans l\’enveloppe et l\’urne?
    Du coup, sera-t-on là.
    Fera beau ces dimanche? Faudra aussi qu\’on nous dise le temps qu\’il fait et nous dire comment on se fringue?
    Bizettes, un peu énervée là.

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